Le territoire du SAGE LRA a été identifié par le programme de mesures du SDAGE Loire-Bretagne comme prioritaire pour la mise en place d’un PTGE. Si le territoire n’est pas à ce jour en déficit quantitatif structurel, il apparait comme particulièrement vulnérable vis-à-vis des incidences du changement climatique :

  • une ressource essentiellement superficielle, avec une pluviométrie modeste dans certains secteurs et qui se modifie avec le changement climatique ;
  • des masses d’eau d’ores et déjà soumises à une pression hydrologique significative.

Dans une logique d’anticipation des probables tension à venir et afin de définir de nouvelles modalités de gestion de la ressource, la Commission Locale de l’Eau, lors de sa séance plénière du 9 mars 2022, a donc officiellement acté la révision du SAGE Loire en Rhône-Alpes et le lancement de d’un Projet de Territoire pour la Gestion de l’Eau (PTGE) sur le périmètre du SAGE.

Une étude HMUC pour « Hydrologie, Milieux, Usages, Climat » a été lancée en septembre 2022 et a été confié au bureau d’études ANTEA avec pour objectif :

  • d’améliorer les connaissances sur l’état quantitatif actuel et futur de la ressource et en quantifier les impacts sur les milieux et les usages du territoire ;
  • de préparer les éléments d’état des lieux et les diagnostics nécessaires à l’élaboration du PTGE et à la révision du SAGE.
Etapes et objectifs 

HMUC LRA, une étude en trois étapes pour quels objectifs ?

Phase 1: Etat des lieux et de synthèse des 4 volets « HMUC »

Cette phase permettra d’identifier, unité de gestion par unité de gestion, les demandes actuelles et futures des différents usages de l’eau, ainsi que les besoins des milieux dans un contexte de changement climatique.

Phase 2: Diagnostic et de croisement des 4 volets « HMUC »

Cette seconde étape permettra notamment, par le croisement de l’offre et des demandes d’identifier les secteurs d’ores et déjà en tension et ceux qui seront le plus vulnérable à l’avenir. Unité de gestion par unité de gestion, elle permettra d’identifier des volumes potentiellement mobilisables à répartir entre les différents usages. En d’autres termes, cette seconde phase mettra en lumière les marges de manœuvres des différentes unités de gestion, en proposant une gamme de volumes potentiellement disponibles à leur échelle.

Phase 3: Scénarios et indicateur de gestion

L’étude HMUC constitue un outil d’aide à la décision pour les décideurs. Aussi, l’objectif de cette dernière étape est de passer des volumes potentiellement mobilisables identifiés en phase de diagnostic à la proposition de volumes prélevables pour les usages de l’eau règlementés. Ce passage constitue la phase « politique » de la démarche, avec des choix à opérer dans les volumes potentiellement disponibles : laisser plus ou moins d’eau pour les milieux et/ou pour tel ou tel usages. Ces choix devront être partagés avec les territoires et argumentés, puisqu’au final la CLE proposera ces volumes au Préfet Coordinateur de bassin pour validation.

Méthodologie

HMUC LRA, les principaux éléments méthodologiques des différents volets.

Hydrologie

Le principe de ce volet est de reconstituer les écoulements tels qu’ils seraient sans les usages anthropiques. On parle donc de « désinfluence » des débits. Pour ce faire, l’ensemble des prélèvement et points de rejets ont été localisés et quantifiés.  Les principales difficultés ou source d’incertitude rencontrées concernent l’absence de certaines données, notamment sur les barrages de Saint-Etienne Métropole.

Milieux

La méthodologie employée dite de « micro-habitat » est fondée sur différents relevés de terrain pour estimer une gamme de débits nécessaires au bon fonctionnement des milieux aquatiques. Elle permettra notamment d’estimer des pertes de surface d’habitat en fonction de la diminution de la lame d’eau.

Usages

Le travail sur ce volet rejoint celui qui a été conduit sur le volet « H », à savoir comptabiliser l’ensemble des prélèvement et rejets et les rattacher à un usage. Ont notamment été prises en compte pour ce faire : les bases de données de prélèvements de l’AELB, de la BNPE du SMIF, de la DREAL, etc.). Un important travail de mise en cohérence, correction et mise à jour des volumes et localisation des différents points de prélèvement et de rejet a été conduit.

Parallèlement, dans le cadre de l’élaboration du cahier des charges de l’étude HMUC et de l’appel à manifestation d’intérêt HMUC de l’AELB, il a été proposé aux représentants des « usagers » de la CLE de porter des études complémentaires spécifiques, pour dresser un état des lieux de leurs demandes en eau actuelle et proposer au débat leurs visions de l’évolution futures de ces demandes.

Au final : l’état des lieux « global » est donc constitué des éléments ressortant des études suivantes :

  • Étude « HMUC » globale (ANTEA Group – sept 2022/sept 2024), la seule susceptible d’avoir une traduction « règlementaire »
  • Volet « Usages » : étude complémentaire portée par la Chambre d’Agriculture 42 (1 an – 2023 – TERMINÉE), étude complémentaire portée par la Chambre de Commerce et d’Industrie Lyon Métropole Saint Etienne Roanne (11 mois – début février 2024), étude complémentaire étangs piscicoles (ANTEA Group – en cours)
  • De plus, les liens sont faits sur le volet demande en eau urbaine avec l’agence d’urbanisme EPURES (commandes des dernières données démographiques de l’INSEE sur le périmètre du PTGE).
  • Volet « Milieux et Usage » : étude complémentaire portée par la Fédération de Pêche de la Loire (début avril 2023 – été 2024 selon les conditions hydrologiques)

Climat

Le volet « climat » de l’étude a examiné les évolutions passées avant de s’intéresser aux trajectoires climatiques et hydroclimatiques futures. En phase de diagnostic, il sera ainsi possible d’évaluer la compatibilité des débits naturels avec les niveaux de prélèvements actuels et envisagés.

A noter que pour l’ensemble des études, les projections du climat futur se sont fondée sur deux scénarios d’évolution des concentrations en gaz à effet de serre dans l’atmosphère :

  • RCP 4.5 : scénario avec stabilisation des émissions puis baisse à partir de 2050 ;
  • RCP 8.5 : scénario de la poursuite des émissions sans politique de réduction.

Dans le cadre du diagnostic prospectif, il est prévu de mobiliser les 12 couples de modèles disponibles sur le portail DRIAS avec ces deux scénarios d’émission (RCP 4.5 et 8.5).

Etat des lieux

HMUC LRA, les principaux enseignements de la phase d’état des lieux 

Sur le climat et l’hydrologie

Au niveau global, le bassin LRA se révèle très vulnérable vis-à-vis des impacts du changement climatique : peu de réserves souterraines, une nature des sols qui favorise le ruissellement plus que l’infiltration, des étiages qui s’intensifient et s’allongent, une dépendance vis-à-vis des ressources extérieures (Lavalette, Rhône, etc.) et une forte sollicitation de l’axe Loire qui pose la question des solidarités amont-aval.

Sur l’évolution des précipitations, si les cumuls annuels semblent stables, on anticipe une modification de la répartition saisonnière avec plus de pluie en hiver, moins en été et une intensification des épisodes pluvieux.

Parallèlement, concernant les températures, leur hausse devrait osciller entre 2,2[1] et 4,2 °C selon les RCP, entrainant une chute du nombre de jour de gels, une hausse du nombre de jours d’été (=+25°C) et de fortes chaleurs ce qui renforcera la demande en eau des végétaux (ETP) ce qui diminuera donc l’efficacité des pluies à certaines périodes de l’année.

Concernant l’hydrologie, le signal à la baisse des débits d’étiage est extrêmement net, et très marqué pour les modèles « chauds » qui sont aujourd’hui considérés comme les plus probables. A l’étiage, on observe même une situation d’intermittence des débits sur de nombreux cours d’eau. Si la recharge pluviométrique devrait se maintenir en période hivernale, le bilan estival pourrait devenir déficitaire avec des débits médians potentiellement en baisse, notamment du fait de la hausse de la demande en eau des végétaux. Enfin bien que de fortes incertitudes pèsent sur l’évolution des inondations, les crues seraient plus fréquentes et intenses.

Plus spécifiquement sur l’axe Loire, les débits d’étiages sont projetés à la baisse, avec une évolution du régime hydrologique liée à la diminution de la couverture neigeuse. Les précipitations sous forme solide (neige) pourraient en effet baisser de 35.6 mm/an d’ici 2050 et de 57.7 mm/an d’ici 2100, entrainant plus de débit en hiver, plus de pluie, mais moins au printemps lors de la reprise de la végétation sans la fonte des neiges. Ce risque accru de sécheresse printanière concerne principalement la rive gauche (monts du Forez).

Ces différents éléments s’inscrivent dans la continuité des observations de la dernière décennie en condition climatique chaude.

Sur les usages

L’axe Loire représente aujourd’hui 50 % de l’ensemble des prélèvements recensés sur le périmètre d’étude, une ressource dont les débits d’étiages sont projetés à la baisse. A noter que le canal du Forez représente 47 % des volumes prélevés.


[1] Une étude en cours de parution montre qu’à horizon 2050, si le réchauffement planétaire dépasse les 2°C (probabilité forte), l’année 2022 ne sera plus une année exceptionnelle mais une année moyenne. A horizon fin de siècle, ce sera même un été froid.

Etapes à venir

HMUC LRA, les grandes étapes à venir

  • Validation de la phase 1 d’état des lieux lors de la CLE du 03 avril.
  • Réalisation de la phase 2 de diagnostic, durée prévisionnelle de 6 mois.
  • Réalisation de la phase 3 perspectives et préconisation de gestion, durée prévisionnelle de 5 mois.